On décrit souvent l'assimilationnisme antillais ou guyanais comme la simple volonté politique de changer de statut en tendant à l'assimilation juridique. Cette vision se révèle excessivement réductrice. Dans une acception beaucoup plus large, le terme peut désigner un cadre de pensée, une structure mentale (au sens braudélien) de l'histoire antillaise en particulier et de celle des vieilles colonies en général. Pensé ainsi, l'assimilationnisme n'est plus une option ponctuelle mais bien la structure mentale ou la culture politique productrice du discours. Subjectivement, le postulat assimilationniste selon lequel la Guadeloupe est française est vécu, non comme un choix parmi les possibles, mais comme un fait indéniable, une évidence reconnue ou à faire reconnaître par les plus ignorants.

Cette contribution d'environ 40 000 signes a pour origine une communication au colloque du cinquantenaire de la départementalisation tenu à Fouillole (UAG) en 1996. Le volume final édité par Jasor et Études guadeloupéennes comporte 318 p. Depuis ce papier, qui avait été sollicité à la dernière minute à l'occasion d'un passage imprévue en Guadeloupe pour raisons personnelles, cet objet d'histoire a été plus sérieusement étudié par l'historien de la Guyane Serge Mam-Lam Fouck qui remet ainsi l'article à sa juste place :

« Burton (La famille coloniale. La Martinique et la mère-patrie (1789-1992), 1993) ne parvient pas à dépasser l'aversion que suscite sous sa plume ce discours qu'il appelle « familialiste », ce qui lui ferme souvent le sens politique et la signification identitaire que les Martiniquais de ce temps-là [...] ont donné à la revendication de l'intégration à la nation française [...] Ne voit-il pas dans l'action menée en faveur de l'application de la loi sur le service militaire « un empressement qui peut sembler aberrant voire pathologique » ? Quant aux historiens [...] ils ont pratiquement déserté le domaine. Jacques Dumont (Sport et assimilation à la Guadeloupe. Les enjeux du corps performant, de la colonie au département (1914-1965), L'Harmattan, 2002) a réalisé une remarquable mise en relation des pratiques sportives de la société guadeloupéenne et du climat politique et culturel du temps de la revendication et de la mise en œuvre de l'assimilation [...] Mais c'est avant tout l'histoire du sport qui retient l'attention de l'historien. En dépit de sa brièveté, le travail de Dominique Chathuant ne manque pas d'intérêt. Dans une courte contribution, il approche la question de ce qu'il nomme l'assimilationnisme. Comme l'a bien vu Richard Burton, Dominique Chathuant convient également qu'il s'agit d'un phénomène politique de longue durée de l'histoire antillaise [...] Mais le texte de Chathuant est trop rapide pour embrasser une question de cette nature, il le reconnaît volontiers en évoquant « l'étude, encore balbutiante, des décennies qui précèdent 1946 ».

Serge Mam-Lam-Fouck dans l'introduction de son Histoire de l'assimilation : des vieilles colonies françaises aux DOM, Ibis Rouge, 2006, p. 21.

Réf : Dominique Chathuant, « L’assimilationnisme », dans Cyril Serva (dir), Études guadeloupéennes. Hors-série : “les vérités difficiles”, Jazor, Pointe-à-Pitre, 2001, p. 111-122. ISBN - 2-912-594-13-8.

Disponible : Éditions Jasor, 46 rue Schoelcher, 97110 Pointe-à-Pitre, editionsjasor[arobace]wanadoo.fr - 25 €.